Rencontre avec Karine Boucher : Partager son parcours de vie pour prévenir les violences

Mardi 20 février, les classes de 4ème4, 4ème5, 3ème4 et 3ème5 ont rencontré au pôle vie, pendant deux heures, Madame Karine Boucher qui est venue leur présenter son parcours de vie et les mettre en garde contre tous types de violences. Amputée d’un bras suite à une tentative de féminicide, elle s’est reconstruite grâce au golf et est devenue numéro un mondiale de paragolf chez les dames amputée d’un bras.

Durant la première heure, karine Boucher leur raconte son histoire. Elle commence par une rencontre amoureuse entre deux jeunes de seize ans, presque l’âge des élèves qu’elle a devant elle, souligne-t-elle. Mais les violences s’installent petit à petit, violences psychologiques, physiques, sexuelles, économiques et administratives. A ce moment du récit, elle présente aux élèves le violentomètre, un outil pour mesurer la violence dans une relation, qu’elle soit conjugale ou amicale. Elle ne concerne pas seulement les jeunes femmes mais aussi les jeunes hommes précise Karine. Elle s’arrête sur certaines violences mentionnées sur ce violentomètre et conseille, par exemple, de ne jamais envoyer de photos intimes. Elle aborde également la notion très importante de consentement. Il est obligatoire que, pour toutes relations affectives, amoureuses et sexuelles, les deux partenaires soient d’accord. En tout cas, au moindre doute, karine recommande aux élèves d’en parler, à un proche, à l’infirmière ou à un professeur. Elle leur parle également du 3919, numéro anonyme et gratuit, à composer en cas de violences sexistes.

Puis elle reprend le récit de sa vie. En novembre 2010, son ex-conjoint, lui tire trois balles de fusil de chasse dans le corps, à la tête, à l’épaule et à la jambe. S’en suivent cinq mois d’hôpital, durant lesquels elle doit affronter d’atroces douleurs et l’amputation de son bras droit, puis dix-huit mois de rééducation à Berck-sur-mer. Difficile pour elle de s’imaginer un avenir et elle sait qu’en sortant du centre de rééducation elle devra faire face au regard des autres sur son handicap. C’est difficile à accepter, cela se fait en plusieurs étapes. Elle rencontre des équipes médicales formidables qui l’aident à se reconstruire physiquement et psychologiquement. Elle commence le golf qu’elle n’avait jamais pratiqué auparavant et qui lui permet de se remuscler et de reprendre confiance en elle. Elle gagne sa première médaille ! « Le handicap n’est pas une fin en soi » dit-elle. « On est toujours soi, une personne à part entière. On est tous différents et on vit tous ensemble dans la société ». Elle s’est reconstruite grâce au golf et à toutes les personnes qui ont cru en elle. « Je suis moi ! » annonce-t-elle fièrement et elle ajoute qu’elle n’a jamais été aussi heureuse et épanouie qu’actuellement. Elle est même retombée amoureuse…

Karine Boucher qui ne savait pas quoi faire de sa vie quand elle s’est réveillée à l’hôpital, a maintenant son agenda bien rempli. Elle témoigne auprès des professionnels de la santé, de la justice, et des forces de l’ordre pour une meilleure prise en charge des victimes. Elle souligne d’ailleurs, qu’à ce niveau, les choses ont bien changé depuis ce qu’il lui est arrivé. La société continue à évoluer dans la prise en compte des victimes et la mise en place des dispositifs adaptés pour s’en sortir. Karine Boucher qui voulait un temps se cacher, se montre. Elle participe à des émissions de télévision dont « Envoyé spécial » par exemple, joue dans un film, accepte d’être photographiée pour une exposition sur le handicap « Différent is beautilful 2,0 », parce que « oui, la différence peut être belle » affirme-t-elle. En tant que déléguée handisport, elle organise des démonstrations de golf auprès de tous les publics handicapés ou non. Blouse rose dans un ehpad, elle anime des ateliers de golf, tous les mercredis, pour les personnes âgées. Bien entendu, elle s’engage auprès des femmes victimes de violences conjugales. Et enfin, elle rencontre des jeunes dans les établissements scolaires afin de prévenir les violences. Partager son parcours de vie, pour elle, est vital. Elle a d’ailleurs écrit sa biographie qui devrait paraître prochainement et qui portera le titre : « De l’emprise à la vie ».

Karine Boucher consacre la deuxième heure de la rencontre à répondre à toutes les questions des élèves dont elle apprécie l’écoute et le dynamisme. Elles portent sur ses enfants, son ex-conjoint, le procès, les signes d’une personne sous emprise, sa vie de femme, son handicap… Elle montre même comment elle peut faire ses lacets d’une main en un temps record ! En effet, elle ne manque pas d’humour et de chaleur humaine… Elle conclut la rencontre par un dernier conseil d’importance : « Soyez bienveillants les uns avec les autres ! »

S Héduy

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